Histoire de chasse #1
Jules & Nathalie. Porto Vecchio 2025

Décembre.
Il est 21h30 lorsque nous raccrochons avec notre client. Il est français, expatrié à Londres, à la tête d’une famille de trois enfants et marié à Nathalie, une artiste peintre. Lui c’est Jules, 51 ans, roi de la finance et de la tech. Jules ce qu’il veut c’est arrêter de dépenser des sommes faramineuses en location de villas incroyables pour les vacances, il veut la sienne, un peu la même que celle qu’il a louée en juillet, mais aussi un peu identique à celle de l’année dernière, mais avec sa touche à lui quoi. Enfin celle de Nathalie surtout. Ce qu’il veut c’est un endroit pour faire griller une côte de boeuf en août avec les potes et la famille en gardant fièrement son dernier Vilebrequin toute la journée. C’est un endroit paradisiaque que tout le monde lui enviera. C’est un endroit depuis lequel il pourra partir en buggy chercher son vin au petit viticulteur du coin. C’est un endroit où il pourra s’échapper seul aussi, en avril quelques jours, quand tout le monde le gonfle. C’est un endroit qui donnera du sens et de la justesse à ses semaines de 80h, le nez collé sur l’ordi, les pieds gonflés dans un avion pour négocier avec les Asiatiques, la sinusite prenante aux changements climatiques de chaque déplacement loin des siens et cette prise de conscience qui dit « ça y est, il est temps de lever le pied, je veux profiter des miens ». C’est un endroit qui dira tout.
Et pour cela Jules il choisit la Corse. Belle idée pour marier la douceur de vie, la sauvagerie française, le paradis à portée de main. Il connaît chaque recoin de l’île, les enfants chaque soirée privée. Le budget est cohérent au regard des prestations : 15 millions d’euros pour un pied dans l’eau, plage privée, 400m2 de surface habitable minimum, un beau jardin bordé de pins maritimes. Oui mais voilà, il a regardé et il y a peu de choses, puis c’est pas très beau. On comprend, on sait.
On se tape dans la main et on démarre. Il est soulagé, il n’a plus à s’en occuper. Notre expert local est sur le pont. Après une grosse réunion d’équipe et un plan d’action dressé, beaucoup de visites terrain, de confidences, de murs escaladés, de propriétaires dragués, nous appelons fièrement Jules : « Jules, attrape Nath et on se retrouve le week-end prochain à Porto-Vecchio ».
Trois mois se sont écoulés depuis notre premier échange, nous nous rencontrons pour la première fois sur le tarmac. Enchantés, pressés, nous choisissons l’option dîner / café / limoncello avant de rejoindre Morphée et de se retrouver demain au lever du soleil pour la première visite.
Devant la Casa Solela. Samedi matin, 7h30.
Jules ne sourit pas, il s’est perdu deux fois avec sa voiture de location en venant dans un chemin escarpé et il est trop tôt. Nathalie est ravie, à cette heure-là d’habitude elle termine son yoga les pieds nus sur l’herbe fraîche. La porte s’ouvre devant un petit couple de gardiens adorables. La lumière matinale s’infiltre jusqu’à nous et nous fait découvrir un immense salon vitré offrant comme panorama une piscine en marbre noir, des pins, des oliviers et une plage époustouflante. Plus personne ne parle.
Nous on savait, silencieusement on s’incline devant la beauté de cette entrée magistrale. Jules sans un mot fonce tout droit, vers la baie vitrée, vers le jardin, vers l’infini. Nathalie n’oublie pas son éducation et s’excuse en le rejoignant. Au diable la visite traditionnelle, si l’extérieur les appelle en premier, laissons-les respirer et découvrir. Nous préparons le café pendant ce temps-là. Les gardiens sont Colombiens, leur café est divin. Notre expert s’approche à pas de loup pour apporter à Jules & Nathalie leurs tasses face à la mer. Oui, il est divin. C’est ainsi, tasses à la main, que nous nous promenons dans la propriété.
Le coup de foudre est immédiat.
Nous prenons notre temps. La visite dure 1h30. On écoute les bruits, on caresse les murs, on écoute les gardiens qui connaissent la maison sur le bout des doigts, on s’allonge sur les canapés, Jules emprunte les toilettes invités, Nathalie caresse le dressing des yeux. On quitte les lieux à regret, car il faut bien et une seconde visite nous attend.
La Casa Lutecia. Samedi matin, 10h.
Nous entrons dans la Casa Lutecia. Elle est charmante, brute, décousue, plus exposée. Pendant la visite Jules me demande des chiffres sur la Casa Solela. À partir de cet instant je comprends qu’il est amoureux. Quand on parle d’une femme à une autre femme c’est que l’on n'a pas oublié la première. La visite est expéditive.
Débriefing à la paillote. Samedi, 11h.
Nous quittons les lieux pour rejoindre une paillote. Celle-ci ils ne la connaissaient pas. Débriefer autour d’un Saint-Pierre grillé et d’un verre de Fiumicicoli a plus de goût. Ils sont ravis, les deux visites sont prometteuses, loin de ce qu’ils ont pu voir depuis la genèse de leur projet. Rapidement ils nous soulignent ce que nous pressentions déjà, ils veulent faire une offre sur la Casa Solela. Nous envisageons les possibilités, celle-ci est un million plus chère que leur budget, nous n’attendons pas, pendant le café notre expert s’extrait fouler le sable pour appeler le propriétaire. L’échange est rapide.
Le propriétaire est prêt à considérer toute offre dans la limite du raisonnable, il propose à Jules & Nathalie de passer la nuit à ses frais dans la maison. Notre couple est étonné et plus qu’enchanté. C’est une aubaine de pouvoir « vivre » la villa avant d’avancer. Nous les laissons aller récupérer leurs affaires à l’hôtel et en profitons pour réserver un dîner dans la maison, préparé par notre couple de gardiens. Le propriétaire demande à placer une bouteille de champagne au frais pour ses hôtes. Nous les retrouvons en fin d’après-midi pour leur ouvrir la porte, puis nous nous éclipsons pour les laisser profiter de leur fin de journée et nuit dans la villa.
Le lendemain matin, nous recevons un bref sms de Jules « Déjà dans l’avion, soirée et nuit magique, merci mille fois au propriétaire, nous vous communiquerons une offre d’ici 48h maximum ».
S’en suivra une semaine de négociation ardue, un ping-pong entre le propriétaire et nos clients mené tambour battant par notre équipe. Le deal est remporté, la poire coupée en deux, en route chez le notaire.
L’histoire aurait pu s’arrêter là, tirer le rideau sur un happy-end.
MAIS.
Début mai, l'appel.
Deux mois après la signature de la promesse, nous recevons un appel qui va complètement bousculer le cours des choses. Jules, conseillé par son notaire parisien, a demandé une condition suspensive pour le changement de destination de la maison en « para-hôtelier ».
Nous mettons en garde sur le risque de refus, connaissant bien l’île et face à l’incohérence de la demande étant donné qu’il souhaite très peu la louer (juste assez pour payer les charges) et le statut actuel permet aisément de la louer à minima 120 nuits par an. Donc largement suffisant.
Oui mais son notaire insiste, face à la situation patrimoniale et fiscale du client, c’est mieux. Nous soulignons à nouveau le peu de chances d’obtenir cette option en promettant de soutenir la démarche auprès des acteurs locaux mais deux mois plus tard le couperet de la préfecture tombe : REFUS.
C’était prévisible. Ce qui l’était moins, c’est le désistement de Jules.
Amoureux oui mais… apeuré par son notaire.
Nous comprenons. Nous sentons le regret lourd dans le fond de la gorge au bout du fil.
Le propriétaire est déçu, il aimait bien Jules et Nathalie.
Nous aussi, l’équipe se remontera le moral avec un verre de Limoncello.
Fin juin, le second appel.
Notre assistante accoure téléphone à la main « Un potentiel client au téléphone : il veut parler à quelqu’un pour la Corse. »
Nous prenons l’appel. Olivier a 57 ans, il nous contacte de la part d’un partenaire et ce qu’il veut, c’est arrêter de dépenser des sommes faramineuses en location de villa incroyable pour les vacances. Il veut la sienne, un peu la même qu’il a louée en juillet…
- « Olivier, vous aimez le café Colombien ? »
Septembre.
Olivier vient de nous envoyer un selfie devant une côte de boeuf. Nous n’avons pas réussi à savoir s'il portait un maillot Vilebrequin mais nous savons qu’il est heureux.
Jules & Nathalie cherchent toujours leur endroit. Notre équipe les aide à affiner la destination parfaite, s’accordant avec leurs besoins avant de démarrer une nouvelle chasse.
Les histoires de nos clients méritent d’être racontées, comme celle de Jules & Nathalie…
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